u-delà du témoignage d’un haut niveau de professionnalisme, la conception d’Odessa relève d’un art urbain par excellence,…Des artistes urbains qui pouvaient s’appeler politiciens, architectes, ingénieurs, sculpteurs, militaires, ouvriers ont conçu cette ville dont les qualités semblent éternelles …et pourtant sont également si fragiles.
Afin d’exprimer nos sensations quand nous déambulons dans Odessa nous nous permettrons donc d’user de la forme poétique.
Où se nichent les divinités, les génies des lieux ? Nous les chercherons ici jusque dans les lieux les plus modestes de la ville, dans ce qui fait lieu, dans l’espace public.
Les références aux artistes, aux gravures anciennes, aux photographies nous aideront à faire surgir le potentiel onirique de la ville et nous pouvons ainsi nous engager sur le chemin des émotions.
Marche l’homme errant
Chagall
La femme enveloppée d’hiver implore
Muha
…à la rencontre de l'univers…
Et de la brume mystérieuse
Emerge l’homme, seul
Solitude dans le monde
Chagall
Il ferme les yeux et voit un port idéal
À peine un instant, il ouvre les yeux et surgissent des maisons couleur pastel et de curieuses coupoles grises
Et soudain, un couple élégant, un arbre et une maison
Il ferme de nouveau les yeux et voilà un autre couple, un escalier et un voilier
Et les arbres enveloppent les rues
Ils sont nés aux confins de la steppe
Ils sont vrais, aujourd’hui ils chantent
Il arrive q'une nappe blanche recouvre le sol.
Et unisse les acteurs de la rue
Mais façades et arbres croisent toujours leurs regards
Les rameaux caressent les toits
L'hiver renforce les liens
Sur la scène, des danseurs penchés,
Et les façades légères et bigarrées
aux yeux expressifs les observent
Et encore et encore, dans l’univers du peintre Chagall
l’homme parcourt les rues
Dans la chaleur des contrastes
Le voyageur traverse des salons
Imprégnés de couleurs irisées,
De lumière filtrée,
D’arbres convulsifs
Le sol se répand
Les salons s’emboîtent
Pièce austère ou agitée
Invitation des marches ?
Les arbres la dédaignent
Un passage s’ouvre
Et un autre et encore
Et encore encore
Un portail sévère… une clôture froide
mais…là…
Invitation furtive
Dans l’élan de ses branches
un arbre danse et nous attire
Alors, entrons enfin
Intimité d’une cours, d’un dvorik
Les arbres s’étirent vers la coursive
Un dvorik sage
Un autre affairé
Un dvorik en appelle un autre
Celui-ci encombré
A l’étroit et… partout
L’arbre
Et la rue nous appelle
Jusqu’au théatre à la noblesse hautaine
Et s’ouvre en coulisse un immense salon
Un salon Royal
Où explose la frondaison
Et les acteurs dansent un quadrille
Et la nymphe sur son lit de pétales dorés attend
Un carrefour…
Et les voilà !
Les traces d’une architecture urbaine !
Puissance discrète d’un accès
Et le Duc nous présente ses gens,
grands ou brigands
L’immense Pouchkine
à la main caressante
Puis un être torve, un brigand, nous dévoie
Un séducteur
Une composition polyphonique
Le luxe d’un détail
Une pente vêtue d’un voile strié
Et Il descend vers nous
Il glisse même… rêvons nous ?
Les marches dévalent vers le voilier
Etrange mue de l’escalier
Alors le pont a scellé la Ville Port
Geste hallucinant
Et le Duc contemplait l’infini
Et ce GESTE demeurera
Et le rivage sait aussi la douceur
Le môle pointe parfois sur la banquise
Et l’arbre glorieux accueille banc et horizon
N’évoquerait-il pas… Chagall ?
Et ce modeste lieu ici, à Odessa
Chagall, monument, Chicago
Ou un don de Marseille à Odessa?
Projet pour le 40ème anniversaire du jumelage Marseille/Odessa
(M.Perloff, I.Bassanello)
Le Duc dirait sans doute :
« Bienvenue » …
Et nous penserions
« hospitalité »
Et du seuil de la ville
Clignote pour l’éternité l’appel
d’Odessa
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